Le président américain Donald Trump presse le Congrès d’adopter sans délai la loi GENIUS sur les stablecoins. Une course contre la montre s’engage pour faire des États-Unis le leader mondial des actifs numériques. Mais cette précipitation du président Trump cache-t-elle des intérêts personnels ?
Donald Trump ne mâche pas ses mots. Mardi 17 juin dernier, juste après que le Sénat a voté la loi GENIUS, le président a publié un message direct sur Truth Social.
« Le Sénat vient d’adopter un projet de loi exceptionnel qui fera de l’Amérique le leader incontesté des actifs numériques », a-t-il écrit. Il demande maintenant à la Chambre des représentants d’agir « à la vitesse de l’éclair ».
Cette urgence n’est pas anodine. Le Sénat a voté massivement : 68 voix pour, 30 contre. C’est une victoire claire pour les partisans des stablecoins. Maintenant, la balle est dans le camp de la Chambre des représentants. Les républicains y ont une petite majorité, suffisante pour faire passer le texte.
Pourquoi tant de pression ? En effet, Trump veut positionner l’Amérique en leader mondial des cryptomonnaies.
Cette loi permettra aux entreprises et aux Américains de régler leurs paiements presque instantanément plutôt que d’attendre des jours, voire des semaines.
Dans un monde où la vitesse compte, c’est un atout majeur. L’enjeu va bien au-delà des États-Unis. D’autres pays créent leurs propres règles pour les cryptomonnaies. L’Amérique veut imposer ses standards en premier. Le vote du Sénat montre que cette ambition prend forme progressivement.
Mais l’empressement de Trump soulève des questions. La sénatrice Elizabeth Warren l’accuse ouvertement de conflit d’intérêts. Elle affirme que le président et sa famille pourraient gagner des « centaines de millions » de dollars avec leur propre stablecoin si cette loi passe.
Ces accusations ont des bases solides. En 2024, Trump a encaissé 57 millions de dollars via World Liberty Financial. Il possède aussi près de 16 milliards de tokens WLFI. Une partie de cet argent vient de la vente de tokens liés à son image de président. La coïncidence entre ses gains personnels et son soutien à cette loi pose question.
Le processus législatif lui-même intrigue. Au départ, un amendement devait interdire aux élus fédéraux et à leurs familles de profiter des stablecoins. Cet amendement n’a jamais été voté.
Malgré les controverses, la loi GENIUS marque une étape décisive. Elle impose des réserves à 100 %, des licences obligatoires et des contrôles stricts sur l’usage des fonds. Les émetteurs devront limiter leurs investissements à des actifs sûrs, comme les bons du Trésor.
Alors que le nombre de détenteurs de stablecoins dépasse les 160 millions dans le monde et que les volumes de transactions battent des records, cette régulation arrive à point nommé.
Si elle est adoptée, cette législation pourrait transformer les stablecoins en véritables instruments de souveraineté monétaire. La Chambre des représentants détient entre ses mains bien plus qu’un simple projet de loi : peut-être l’avenir même du dollar dans un monde en pleine tokenisation. C’est maintenant ou jamais qu’il faut se positionner sur les crypto-actifs.