Ripple rêvait d’une licence bancaire fédérale aux États-Unis pour jouer désormais dans la cour des grands. Mais ce rêve vient de se heurter brutalement à un mur en béton armé. Pas moins de 42 banques, dont les géants JPMorgan, Goldman Sachs ou Bank of America, demandent à bloquer le projet. En coulisse, un bras de fer commence entre la finance traditionnelle et le nouveau monde de la finance décentralisée.
Ripple veut devenir une vraie banque aux États-Unis, avec le droit d’émettre son propre stablecoin, RLUSD, afin entre autres d’accéder aux services de la Réserve fédérale américaine. Une avancée qui bouleverserait les règles du jeu.
En effet, le projet fait grincer des dents. 42 grandes banques américaines viennent de s’y opposer officiellement. Elles pointent du doigt un manque de transparence et une procédure bien trop rapide pour un sujet aussi sensible. En réalité, c’est surtout l’arrivée d’un concurrent de taille qui semble les inquiéter autant.
En juillet 2025, Ripple a demandé une charte bancaire fédérale auprès de l’OCC (le régulateur bancaire américain). Ce statut lui permettrait de devenir une « National Trust Bank », comme n’importe quelle banque traditionnelle. Ripple pourrait donc offrir des services comme la garde d’actifs et la gestion de patrimoine, mais pour les cryptomonnaies.
Ripple souhaite aussi obtenir un compte maître auprès de la Réserve fédérale américaine. Avec ce compte, sa filiale Standard Custody pourrait gérer directement les réserves de son stablecoin RLUSD et proposer des services bancaires complets, sans passer par les circuits classiques.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Une coalition de 42 grandes banques, réunies sous l’égide du Bank Policy Institute, a officiellement demandé à ce que la demande de Ripple soit rejetée. Parmi elles, figurent les géants JPMorgan, Citi, Morgan Stanley ou encore Wells Fargo.
Leur principal reproche à Ripple est que le processus serait trop rapide. La période de consultation publique n’a duré que 2 semaines et demie, ce qui, selon elles, ne laisse pas assez de temps pour étudier un dossier aussi complexe.
Elles pointent aussi un flou réglementaire : qui va surveiller Ripple ? Quelle serait sa responsabilité en cas de problème ? Pour elles, trop de questions sans réponse pour le moment.
En vérité, derrière cette opposition, il y a aussi une autre réalité : Ripple propose une alternative radicale aux systèmes bancaires traditionnels. Plus besoin du système SWIFT, de délais de virement interminables ou de frais cachés. Avec le stablecoin RLUSD, Ripple pourrait proposer des paiements instantanés, globaux, à moindre coût.
Et ça, les grandes banques le savent très bien. Loin d’un simple débat technique, cette demande remet en cause leur domination du marché. Beaucoup d’observateurs estiment que ce refus est avant tout une réaction défensive pour protéger un système vieux mais rentable.
Si Ripple obtient gain de cause, le monde de la finance ne sera jamais plus le même. D’autres entreprises crypto pourraient suivre la même voie et demander leur propre licence bancaire.
Mais si la demande est rejetée, le message serait clair : les banques restent protégées par le système et les nouvelles technologies devront encore patienter pendant un temps. Dans les deux cas, l’enjeu dépasse de loin Ripple : c’est tout l’avenir des services financiers qui se joue.
Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas juste une question d’autorisation administrative. C’est une guerre silencieuse de modèles : d’un côté, un acteur crypto qui veut simplifier et moderniser la finance; de l’autre, les géants bancaires qui tiennent à leur monopole de la finance.
Ripple a peut-être la technologie. Mais Wall Street a les relais, les lobbies et l’oreille des régulateurs. Reste à savoir si l’innovation ira jusqu’au bout, ou si elle se heurtera une fois de plus aux murs de la vieille finance qui refuse toute concurrence. Dans tous les cas, rien ne peut stopper la révolution technologique déjà enclenchée.