L’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) avance une proposition radicale : les assureurs devront couvrir à 100 % la valeur de leurs crypto-actifs. Cela consiste à appliquer une exigence de capital équivalente à 100 % de la valeur des crypto-actifs inscrits au bilan des assureurs.
Cette nouvelle règle crypto dépasse largement les standards actuels :
- Les actions imposent une couverture entre 39 et 49 %.
- Souvent perçu comme risqué, l’immobilier se limite à 25 %.
En classant les actifs crypto tout en haut de l’échelle du risque, l’EIOPA tranche sans ambiguïté. Elle justifie d’ailleurs cette rigueur par la mémoire des krachs :
-82 % pour le bitcoin ;
-91 % pour l’Ethereum.
Face à de telles secousses, aucune autre classe d’actifs n’offre une comparaison équivalente.
Cette mesure traduit donc une volonté d’aligner la réglementation sur les caractéristiques uniques des cryptomonnaies. Volatilité extrême, mouvements de prix imprévisibles, absence de fondamentaux tangibles, etc. Ce sont autant d’arguments pour les isoler dans le cadre de Solvabilité II.
Aujourd’hui, l’exposition des assureurs européens aux crypto-actifs reste marginale. Avec 655 millions d’euros engagés, soit moins de 0,01 % des 9 600 milliards d’euros d’actifs du secteur, le risque paraît contenu. Pourtant, l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) anticipe : mieux vaut verrouiller avant que les cryptos ne s’invitent massivement dans les portefeuilles.
Ce mouvement préventif marque une rupture : il ne s’agit plus de suivre les tendances, mais de les encadrer à la source. Deux pays d’Europe concentrent l’essentiel de l’exposition :
- Luxembourg (69 %) ;
- Suède (21 %).
Cette géographie ciblée amplifie l’effet de la proposition, en impactant des juridictions déjà sensibles aux mouvements du marché crypto. Mais au-delà des chiffres, le message vise l’ensemble du continent européen.
En lançant une consultation publique jusqu’au 25 juin 2025, l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) ouvre le dialogue. Elle ne masque cependant pas ses intentions. En effet, l’organisme veut combler un vide réglementaire et intégrer pleinement les crypto-actifs dans l’arsenal prudentiel européen.
Bien qu’encore soumise à débat pour des propositions concrètes, la recommandation de l’EIOPA fixe un cap bien clair. L’Europe choisit la rigueur et la prudence face à un marché crypto imprévisible. Dans les mois ou années à venir, d’autres régulateurs pourraient bientôt suivre la même voie ou prendre le contre-pied. Dans tous les cas, les crypto-actifs feront partie du portefeuille des acteurs du marché traditionnel, tôt ou tard. Cette initiative de l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) devra inspirer les assureurs africains à des discussions pour dégager des perspectives claires pour intégrer les Cryptos dans leurs portefeuilles.