Un juge fédéral a mis un sérieux coup d’arrêt au plan des tarifs douaniers massif de Trump, qui visait à redessiner l’équilibre du commerce mondial. Cette décision ravive les tensions entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, tout en provoquant des secousses sur les marchés financiers. Dans ce climat instable, les cryptomonnaies oscillent entre repli et attentes, guettant le moindre signal macroéconomique clair.
Le 2 avril 2025, l’administration Trump annonce un régime tarifaire généralisé basé sur l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA). C’est une loi de 1977 rarement mobilisée pour des questions douanières.
Cependant, elle a été utilisée pour imposer un tarif uniforme de 10 % sur toutes les importations, augmenté jusqu’à 145 % pour des pays ciblés comme la Chine. L’objectif affiché était de réduire le déficit commercial américain (1 200 milliards de dollars) et de réindustrialiser les États-Unis d’Amérique à marche forcée via une pression tarifaire immédiate.
Cette manœuvre déclenche immédiatement une série de plaintes en justice, dont celle du Liberty Justice Center qui représente cinq PME américaines dépendantes des importations. Pour elles, la logique présidentielle ne tient pas, car le déficit commercial est ancien, structurel et non une menace soudaine.
Ce plan de taxation généralisée, surnommé Liberation Day, apparaît alors comme une interprétation abusive des pouvoirs d’urgence, avec des conséquences immédiates sur les chaînes d’approvisionnement et les marges des entreprises.
Le mercredi 28 mai 2025, le Tribunal Américain du Commerce International (USCIT) juge que Trump a outrepassé ses droits en invoquant l’IEEPA pour instaurer des tarifs globaux.
La loi ne couvre que des cas de crise exceptionnelle, pas un déséquilibre commercial chronique. Le tribunal suspend ainsi l’ensemble du programme avec effet immédiat et donne dix jours à l’administration Trump pour corriger le tir.
Immédiatement, Trump dépose un appel, espérant renverser la décision sur la base d’une interprétation plus souple de la loi.
Les juges, eux, ont rappelé dans leur décision du 28 mai que le pouvoir de réguler le commerce international appartient au Congrès, pas à la Maison-Blanche. À ce stade, les taxes sectorielles sur l’acier, l’aluminium et les automobiles restent intactes, car relevant d’un cadre juridique distinct.
Dès l’annonce, les marchés boursiers enregistrent un rebond technique : +1,5 % sur les contrats à terme S&P 500 E-mini, le dollar s’apprécie face au yen et au franc suisse, tandis que les spreads de crédit se resserrent légèrement.
Les rendements obligataires remontent, reflétant à la fois l’abandon de scénarios extrêmes inflationnistes et l’anticipation d’une reprise des flux commerciaux.
Néanmoins, cette réaction reste cantonnée à un soulagement temporaire. En effet, l’appel de Trump crée une incertitude judiciaire prolongée qui empêche les investisseurs de réajuster durablement leurs portefeuilles.
Ce calme apparent masque une nervosité persistante : on est dans une phase d’attente active, où les mouvements de wallet crypto se font à pas comptés. Tant que la Cour suprême n’a pas tranché, la prudence reste la règle et personne ne parie gros sur la suite.
Alors que l’on aurait pu anticiper un rally crypto sur fond de détente commerciale, le marché réagit à contre-courant. En effet, Bitcoin a perdu 1,2 % avant de remonter lentement à 108 500 $, Ethereum a chuté de 1,5 % et l’action de Coinbase a reculé de 2,1 % en pré-ouverture, preuve que le signal macroéconomique est perçu comme ambigu.
Les volumes BTC/USD bondissent de +20 % entre 10h et 12h HNE le 29 mai, dans un contexte de rotation sectorielle rapide et d’ajustement algorithmique. La lecture technique confirme une tension de court terme.
En effet, le RSI du Bitcoin est en zone de survente (42), le MACD d’Ethereum en croisement baissier, mais hausse nette des flux entrants sur les ETF crypto (IBIT, BITB), ce qui suggère une accumulation opportuniste par les institutionnels.
Dans les coulisses, ça recharge pendant que le bruit de marché fait diversion. On assiste à une redistribution silencieuse, où les traders aguerris profitent de la volatilité pour se repositionner.
Tant que la bataille judiciaire n’est pas close, la volatilité reste élevée et les cryptos avancent au rythme des annonces politiques. Pour ceux qui savent lire entre les lignes, les prochaines secousses pourraient bien être des points d’entrée.
