À partir de ce lundi 14 juillet 2025, les États-Unis d’Amérique entament la « Crypto Week » à Washington : une séquence parlementaire décisive où trois projets de loi majeurs seront débattus. Trois textes, trois directions possibles pour l’avenir des crypto-actifs au pays de l’oncle Sam. Une semaine décisive qui pourrait bousculer le marché dans tous les sens.
À Washington, le silence n’est jamais neutre. Et cette semaine, il est suspendu à trois textes de loi. Ce que les du secteur nomment déjà la « Crypto Week initiés» ne ressemble pas à une énième séance parlementaire. C’est une bascule totale. Trois projets. Trois chemins possibles qui, s’ils passent, redessineront le visage de la finance numérique américaine et pour le reste du monde.
Au centre du tourbillon parlementaire, la loi CLARITY. En réalité, derrière l’acronyme élégant, une tentative de réécrire les règles du marché crypto. Place à une reconnaissance des blockchains « matures », à une délégation d’autorité et à une vision claire qui traite les crypto-monnaies comme des matières premières plutôt que des titres financiers. Ce glissement sémantique, presque poétique, pourrait pourtant faire sauter les digues de la régulation.
Cependant dans l’ombre des débats, les inquiétudes grondent dans les gorges. Certaines voies tirent déjà la sonnette d’alarme, évoquant un paradis ouvert pour les géants de la tech, un cauchemar pour la transparence.
Les critiques se succèdent au sein des parlementaires américains, dénonçant une fuite en avant législative alimentée par les poches profondes de la Silicon Valley Crypto. Et pourtant, l’élan est grandissant alimenté par les lettres ouvertes, les signatures d’entrepreneurs, les campagnes de Stand With Crypto comme si l’histoire voulait s’écrire en accéléré.
Plus discret, mais peut-être plus décisif : le projet GENIUS. Derrière ce nom aux accents messianiques, une volonté ferme : faire du stablecoin non plus une expérience, mais une norme pour tous. Le texte encadre, balise, délimite. Il impose des réserves, oblige à la transparence, et tente d’imposer la stabilité comme valeur cardinale.
Le Sénat a déjà ouvert la voie. Le dollar, lui, s’imagine un avenir renforcé par la blockchain, adossé à la prudence réglementaire. Le stablecoin, au fond, est un actif pragmatique. Une brèche où le système financier peut muter sans exploser.
Mais rien n’est vraiment simple. Derrière les garanties, des doutes subsistent : quelles conséquences sur le marché obligataire ? Sur l’influence du Trésor américain ? Et surtout, sur la place des banques centrales dans cet équilibre ? Le GENIUS Act veut dessiner les contours d’un nouveau pacte économique avec le numérique. Il devra d’abord convaincre qu’il ne fissure pas l’ancien et ne favorise pas non plus le nouveau.
Troisième pièce du triptyque : la loi anti-CBDC (Monnaie numérique de banque centrale). En vérité, une monnaie numérique de banque (CBDC) n’est qu’un avatar de surveillance étatique. Pour certains politiques, l’absence de CBDC ouvre le champ libre à la Chine, au yuan numérique, et aux ambitions de domination monétaire globale.
En effet, ce texte, plus idéologique que technique, reflète les fractures profondes de l’Amérique face à la crypto. Entre crainte du contrôle et peur du retard dans l’adoption de la technologie Blockchain et des cryptomonnaies, les lignes se tendent. Le Congrès hésite : faut-il courir avec l’innovation ou la tenir en laisse ? La réponse n’est pas binaire : elle est purement politique.
En toile de fond, l’idée que tout se joue maintenant. Qu’il faut légiférer avant que le marché ne s’auto-institue. Avant que les autres marchés financiers ne s’émancipent complètement de Washington. La crypto, cette enfant turbulente de la décentralisation, frappe à la porte de la Maison-Blanche. Et réclame d’être reconnue officiellement ou du moins, contenue.
Nous sommes dans une semaine qui est surchauffée. Trois lois avancent à pas feutrés, mais déterminées pour définir l’avenir des cryptomonnaies. Rien n’est encore joué. Et peut-être que rien ne sera tranché. Mais déjà, le simple fait qu’elles soient en débat montre que la crypto n’est plus un mirage, une illusion, ni une menace pour l’économie traditionnelle. Elle est une matière à légiférer, un fait accompli.
Alors que certains voient dans cette législation un pacte entre politique et capital-risque, d’autres y perçoivent le frémissement d’un ordre nouveau. Un ordre où la blockchain ne se contente plus de défier le système, mais en devient une de ses pierres angulaires pour rebâtir les finances.
Le Congrès tranchera, peut-être. Mais la crypto, elle, ne demande la permission à personne pour avancer. Qu’on tente de l’endiguer ou de la couronner, elle glisse entre les lignes, insaisissable, poursuivant sa route faite d’éclats et de secousses. Et c’est ce qu’aiment les amoureux du secteur.
Entre l’ordre ancien et le code source, un nouveau monde se dessine, à tâtons, mais avec une force irrésistible. Car pendant que les législateurs débattent à huis clos, le bitcoin frôle déjà les 120 000 dollars après un ATH à 118 000$. Ethereum dépasse les 3 000 dollars. Le marché a parlé avant la loi. La promesse d’une explosion est en marche. Et elle ne se formule plus : elle s’incarne avec force.
