Trois ans après l’échec de Diem, Meta revient dans l’univers crypto. Cette fois, la firme explore l’usage des stablecoins pour rémunérer les créateurs sur ses plateformes. En misant sur l’USDC ou l’USDT, elle s’ancre dans une logique plus souple, orientée vers l’adoption, la stabilité et l’inclusion financière globale.
Après avoir échoué à imposer Diem comme monnaie numérique mondiale, Meta opte pour une approche plus pragmatique. L’objectif : intégrer des stablecoins existants, comme l’USDC de Circle ou l’USDT de Tether, pour effectuer des paiements à l’échelle mondiale. Cette décision marque une rupture nette avec l’ambition initiale de créer une crypto propriétaire.
L’arrivée de Ginger Baker à la tête de l’initiative souligne le sérieux du projet. Ancienne de Plaid et membre du conseil de la Stellar Foundation, elle incarne une volonté d’ancrer le projet dans les standards de la finance décentralisée. Meta mise désormais sur l’infrastructure crypto pour renforcer ses plateformes sociales, sans susciter la même résistance que lors de son offensive avec Libra.
L’utilisation des stablecoins par Meta répond à plusieurs objectifs stratégiques. Elle permet d’optimiser les transferts transfrontaliers, en contournant les réseaux bancaires traditionnels coûteux et lents. Pour une entreprise comme Meta, qui connecte des milliards d’utilisateurs, les avantages sont multiples :
- Réduction des coûts de transaction ;
- Accélération des paiements entre créateurs et plateformes ;
- Portabilité des fonds dans des environnements monétaires instables.
En ciblant l’USDC et l’USDT, Meta s’appuie sur des actifs déjà largement adoptés, facilitant leur intégration sans nécessiter un apprentissage complexe. L’entreprise se dote ainsi d’un moyen de paiement stable, numérique et global, sans engager les risques politiques d’une monnaie privée. Le modèle évolue : de l’émission monétaire, on passe à la facilitation de la liquidité crypto.
Le retour de Meta dans l’univers des actifs numériques se heurte à un environnement réglementaire mouvant. Aux États-Unis, la loi GENIUS, qui visait à encadrer les stablecoins et à en faire un levier d’influence internationale du dollar, a été récemment bloquée au Sénat. Cette impasse législative traduit les tensions politiques autour de ces nouveaux instruments financiers. Meta, qui avait déjà vu son projet Libra étranglé par les autorités, semble avoir tiré des leçons.
En optant pour des tokens crypto déjà conformes, elle limite son exposition directe. Toutefois, les incertitudes juridiques demeurent : toute évolution réglementaire pourrait ralentir ou conditionner le déploiement de ces systèmes de paiement. La stratégie de Meta devra composer avec ces contraintes pour se pérenniser.
L’intégration des stablecoins ouvre de nouvelles perspectives pour les créateurs de contenu, notamment dans les pays émergents. Là où les systèmes bancaires sont défaillants ou absents, recevoir des paiements en crypto stable pourrait transformer l’accès à la monétisation. Cela permettrait à Meta de :
- Stimuler la production locale de contenu ;
- Diversifier les revenus des créateurs ;
- Fidéliser une base d’utilisateurs producteurs.
Dans cette logique, Instagram, Facebook ou Threads pourraient devenir des relais de paiements transfrontaliers. La crypto s’impose comme un levier d’inclusion financière, en permettant aux créateurs de monétiser sans compte bancaire classique. Meta pourrait ainsi étendre son emprise, non seulement sociale, mais aussi économique, en devenant l’interface de distribution des revenus numériques à l’échelle mondiale.
Quelques mois après qu’un actionnaire ait proposé à Meta d’investir sa trésorerie en bitcoin, elle s’appuie aujourd’hui sur les stablecoins comme stratégie d’intégration. Ce repositionnement marque une évolution dans la tech : s’insérer dans l’écosystème crypto plutôt que le concurrencer. Une dynamique qui pourrait transformer les réseaux sociaux en acteurs clés de la finance numérique et du Web3.