Le règne incontesté du dollar dans les réserves mondiales vacille désormais. Face aux tensions géopolitiques et aux sanctions économiques récentes de Donald Trump, des puissances comme la Chine réévaluent la sécurité de leurs actifs souverains. Une dynamique de rupture s’amorce, portée par une quête d’indépendance financière et la volonté d’échapper aux leviers d’influence occidentaux. Ce réalignement stratégique pourrait remodeler durablement l’équilibre monétaire mondial et ouvrir une nouvelle ère pour des actifs alternatifs comme l’or et le Bitcoin.
Jay Jacobs, responsable des produits négociés en bourse chez BlackRock, a déclaré lors d’une interview sur CNBC que « la fragmentation géopolitique est une méga-force qui redéfinit les marchés mondiaux pour les décennies à venir ».
Cette dynamique, exacerbée par le gel de 300 milliards de dollars d’actifs russes à l’étranger, a convaincu plusieurs banques centrales, dont celle de Chine, de réduire leur exposition aux bons du Trésor américain. Depuis trois à quatre ans, un mouvement de diversification stratégique s’opère, qui vise à sécuriser les réserves souveraines hors de toute influence occidentale directe.
Ce repositionnement des pays se traduit concrètement par :
- Une augmentation significative des achats d’or par les banques centrales ;
- La réduction progressive des détentions de « Treasuries » dans les portefeuilles officiels ;
- Une exploration accrue des actifs alternatifs, à commencer par le Bitcoin.
Jay Jacobs précise : « Ces décisions visent à consolider une indépendance financière dans un contexte d’incertitude prolongée.»
Les autorités chinoises privilégient ainsi des actifs tangibles ou décentralisés, perçus comme plus résistants aux aléas politiques et aux mesures de gel d’actifs.
Au-delà de l’or, une autre classe d’actifs gagne en importance : le bitcoin. Selon Jay Jacobs, le bitcoin commence à « se décorréler des actifs à risque » et adopte désormais une dynamique comparable à celle de l’or.
Cette transformation de l’actif, longtemps associé à la spéculation, reflète une reconnaissance institutionnelle de sa valeur refuge, notamment dans les environnements économiques fracturés.
D’autres acteurs confirment cette évolution. Alex Svanevik, PDG de Nansen, note sur le réseau social X (ex Twitter) le 21 avril 2025 que le bitcoin devient « moins Nasdaq, plus or ».
Il souligne sa relative immunité face aux fluctuations des marchés boursiers traditionnels. En réalité, le bitcoin bénéficie de la fragmentation géopolitique, captant les flux d’investissement qui cherchent des alternatives déconnectées du système américain. Cette reconfiguration ouvre la voie à un rôle stratégique inédit pour le bitcoin dans les portefeuilles souverains.
Tandis que la fragmentation économique internationale s’accentue, l’attrait du bitcoin pourrait s’affirmer durablement. Si Pékin et d’autres acteurs majeurs concrétisent cette mutation, le bitcoin pourrait passer du statut d’actif spéculatif à celui de pilier des réserves d’État. Une telle évolution redessinerait l’équilibre monétaire mondial et consoliderait l’irruption des cryptomonnaies au cœur de la finance institutionnelle.