Le Royaume-Uni écarte pour le moment l’idée d’une réserve en Bitcoin, mais vise à devenir un centre mondial de la cryptomonnaie. Tandis que l’Union Européenne mise sur MiCA et que les États-Unis tâtonnent toujours, Londres choisit d’intégrer les crypto-actifs à son cadre financier existant.
Le Trésor britannique renonce officiellement à l’idée de venir alimenter ses réserves nationales avec des fonds en Bitcoin. Le Royaume-Uni a effectivement annoncé ne pas avoir l’intention de créer une réserve nationale composée d’actifs numériques comme le font déjà certains pays comme les États-Unis.
Lors du Financial Times Digital Asset Summit à Londres, Emma Reynolds, secrétaire économique au Trésor britannique, a affirmé que le Royaume-Uni vise à devenir un centre mondial pour les cryptomonnaies, tout en adoptant une approche réglementaire distincte de celle des États-Unis et de l’Union européenne.
En effet, cette dernière a trouvé bon de rappeler que la tradition législative britannique était fondamentalement différente de celle des États européens. L’inspiration vient plutôt d’outre-Atlantique, grâce à un groupe de travail de haut niveau entre Londres et Washington, « collaboration et coopération » forment l’avenir réglementaire du secteur des cryptomonnaies.
Cependant, ce ne sera pas une copie parfaite puisque selon Emma Reynolds, il est primordial de s’adapter aux particularités du marché. En effet, le pouvoir britannique estime que la réglementation des actifs numériques doit se faire « dans le périmètre réglementaire dans lequel les entreprises de services financiers traditionnelles opèrent ».
Ainsi, plutôt que d’introduire un cadre autonome comme le fait MiCA en Europe, la stratégie britannique consiste à intégrer les cryptomonnaies dans le cadre des services financiers existants.
Le projet d’une réserve stratégique est réfuté, mais le pays a examiné cependant le potentiel que recouvre la technologie de la blockchain pour émettre de la dette souveraine. Emma Reynolds a en effet déclaré que le processus d’approvisionnement est en cours et que le gouvernement espère nommer un fournisseur avant la fin de l’été.
Malgré un discours laissant penser une incompréhension totale des principes fondateurs de Bitcoin, la mère des cryptomonnaies, la secrétaire au Trésor a tout de même reconnu que certains de ces principes représentent une difficulté réglementaire pour les États.
Elle s’est attardée sur la nature décentralisée de Bitcoin en déclarant que le gouvernement se trouve impuissant face à cette caractéristique. Elle a également reconnu la difficulté à catégoriser juridiquement les technologies décentralisées qui, sans entité centrale, rendent l’identification d’un responsable difficile.
Comme le constate le Royaume-Uni, cette divergence de fonctionnement avec les structures centralisées traditionnelles rend l’action réglementaire complexe. Intégrer des technologies de rupture avec des logiques et des fonctionnements propres dans un cadre pensé pour des institutions centralisées et identifiables s’apparente à un casse-tête redoutable.
Suite au Brexit, Londres a considérablement érodé sa position de centre névralgique des marchés financiers européens. En se distinguant de l’Union Européenne, le Royaume-Uni cherche à se positionner comme un hub d’innovation en créant un terrain fertile aux investissements étrangers du secteur des cryptomonnaies.
La stratégie est donc à l’équilibre entre souplesse et rigueur, mais à vouloir gagner sur les 2 plans, le Royaume-Uni court le risque d’être perçu comme un refuge avec des réglementations molles. Cela pourrait donc attirer les projets peu scrupuleux et décourager les acteurs plus innovants.