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La BCEAO lance officiellement le e.CFA, mais que dit l’AES ?

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C’est désormais officiel. Le mardi 30 septembre 2025, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a lancé la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PISPI) dans l’ensemble de l’UEMOA. Cette innovation permettra aux usagers (via les banques, fintechs ou services de mobile money) d’effectuer des virements instantanés 24h/24 et 7j/7, sans égard au canal utilisé. En parallèle, la BCEAO a procédé au lancement de sa monnaie numérique de banque centrale, le e-CFA, qui pourrait bouleverser l’architecture monétaire sous-régionale. Quel pourrait être l’avenir économique et financier des pays de l’AES, membres de la BCEAO ?

L’Afrique de l’Ouest, avec le système PISPI et la monnaie numérique de banque centrale, le eCFA, se positionne désormais parmi les régions les plus avancées du continent en matière de paiements numériques structurés autour d’une infrastructure publique interopérable.

Des pays africains tels que le Maroc, l’Égypte ou l’Afrique du Sud progressent également vers cette innovation majeure, mais leurs systèmes demeurent soit en phase pilote, soit partiellement interconnectés. À l’inverse, l’Afrique centrale accuse un grand retard dans sa marche, illustrant bien l’urgence d’une stratégie régionale coordonnée pour plus d’inclusion financière des populations.

L’ambition de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est louable dans la forme. Mais dans le fond, comment garantir l’accès au e-CFA pour les populations rurales, majoritairement analphabètes, sans smartphone, ni accès à Internet, encore moins à l’électricité ? Le danger est bien réel et il ne faut pas cacher la réalité en face : l’inclusion financière des populations pourrait devenir une exclusion systématique si la fracture numérique n’est pas résolue pour mieux servir la masse.

À ce stade de l’initiative de l’institution financière sous-régionale, des actions fortes sont à privilégier : une campagne de sensibilisation et d’alphabétisation numérique des populations à tous les niveaux, via radio, presse écrite, télévision et réseaux sociaux, est indispensable pour vulgariser la vision et les objectifs poursuivis par la BCEAO. L’objectif ne doit pas être simplement de tout numériser, mais de numériser intelligemment pour favoriser l’inclusion financière des couches exclues des services financiers de base.

Par ailleurs, l’enjeu majeur du e-CFA est aussi géopolitique. Car il intervient à un moment de grands défis dans la région Ouest-africaine : primo, le projet de monnaie unique ECO qui semble figé sans aucune perspective. Secundo, plusieurs pays de la CEDEAO n’ont pas donné de signaux depuis 2022, laissant planer un doute sur sa viabilité. Enfin tertio, les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont dans une nouvelle dynamique de lutte de souveraineté et d’indépendance sur tous les plans, quand bien même ces pays continuent toujours d’utiliser le franc CFA, une monnaie critiquée sévèrement par la masse en lutte.

En effet, la modernisation engagée par la BCEAO à travers le PISPI et l’introduction du eCFA constitue une avancée majeure pour l’infrastructure monétaire en Afrique de l’Ouest. Mais dans la forme, des questions majeures pourraient faire surface : quelles sont les vraies priorités de cette monnaie numérique de banque centrale de la BCEAO face à l’agenda commun avec le projet ECO ? Qu’en est-il de la souveraineté économique et de l’intégrité du système financier des pays membres ? La monnaie numérique e-CFA prend-elle en compte la nouvelle dynamique, l’orientation et la vision des pays de l’AES? Cette précipitation de lancement du e-CFA ne cache-t-elle pas un agenda non dévoilé contre les États membres de la BCEAO, qui aujourd’hui sont sur une autre vision contre cette monnaie héritée de la colonisation ? Ne serait-elle un outil politique contre certains pays selon leur orientation géopolitique ou économique ?

Sans prétendre à l’exhaustivité dans les interrogations ci-dessus, la compréhension profonde de ce lancement du e-CFA dans un climat de ‘’tension’’ entre certains pays membres de l’UEMOA appelle plusieurs axes d’attention pour les décideurs, acteurs financiers et partenaires du développement.

L’Afrique de l’Ouest dispose d’une opportunité pour repenser son avenir financier certes, mais à condition de faire des choix clairs, inclusifs et souverains pour son avenir économique et financier pour le grand bonheur de toutes ses populations. L’accompagnement de la transition numérique doit reposer sur des mesures ciblées, pédagogiques et attentives aux fractures sociales, générationnelles et territoriales existantes.

En vérité, le eCFA n’est pas uniquement un outil technique pour les États Ouest Africains qui utilisent jusqu’à présent le franc CFA. Il engage sérieusement des dimensions fondamentales de souveraineté, de gouvernance et de transformation structurelle du secteur financier traditionnel dans son essence. Les banques commerciales sont d’ailleurs invitées à se réinventer, à se mettre à jour de l’évolution technologique, à s’adapter au nouveau monde de la blockchain ou à laisser la place à d’autres. C’est une nécessité pour les établissements financiers de créer de véritables services à valeur ajoutée pour bien répondre aux besoins des populations.

À ce jour, il est urgent pour la CEDEAO de clarifier l’avenir du projet de monnaie commune ECO, afin d’éviter une coexistence confuse et peu lisible entre plusieurs monnaies numériques ou traditionnelles dans l’espace UEMOA.

Avec la monnaie numérique e-CFA et le système PISPI, l’Afrique de l’Ouest entre dans une nouvelle ère monétaire. Ces deux innovations sont les piliers d’une refonte en profondeur de la relation des citoyens à la monnaie, des banques à leurs clients, et des États à leur souveraineté économique. La monnaie numérique est plus qu’une nécessité dans ce nouveau monde où les cryptomonnaies facilitent et transforment déjà le quotidien de plusieurs millions d’utilisateurs partout dans le monde.

Vivement que cette monnaie numérique de la BCEAO ne soit pas un nouvel outil de contrôle, de surveillance, de domination et d’intimidation des États membres en lutte pour leur vraie indépendance, notamment les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Encore faut-il s’assurer qu’il soit vraiment au service des peuples, de leur autonomie, de leur liberté et de leur dignité.

Malgré tout ce que l’on pourrait dire de biens sur une monnaie numérique de banque centrale, elle garde toujours sa nature : il s’agit bel et bien d’une surveillance des États et des peuples déguisée en monnaie. Il faut pousser la réflexion très loin pour comprendre l’aboutissement d’un tel projet dans la vie économique d’un pays.

NOTE

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